Dans cette note, je propose une analyse d'un court extrait de quatre morceaux de musique électronique. J'ai un double objectif dans ce travail. Le premier est de montrer la créativité sonore que permet la musique électronique mise en avant sous les doigts de certains compositeurs. Le second, plus pédagogique, est de mettre en contexte des éléments de vocabulaire pour mieux décrire ce qu'il se passe dans le son.
Kmyle – Constantine
Label: Skryptöm Records
Date de sortie : 20 septembre 2017
Lien vers la musique : extrait
Passage commenté de 04min10 à 04min25.
Dans ce passage, Kmyle joue avec le déclin naturel des instruments, il s’agit de la chute du son après le relâchement de l’impact.
Ici, le compositeur entretient un double jeu sur la temporalité après l’impact du son.
Dans un premier temps, on entend le délai sur le son du piano qui se répercute à intervalles réguliers avec un volume sonore de plus en plus faible. Le son du piano mat sonne avec des graves solides et une teinte métallique.
Puis le bruissement du souffle s'entend en bruit de fond. Le son continu est haché et parsemé de bribes de voix légèrement perceptibles. Une montée du volume sonore de ces éléments entraîne l’effet d’une aspiration qui dynamise le passage. Cet effet est souvent réalisé suite à la mise à l'envers d'un son.
Certains éléments sonores restent stables sur ce passage : légère tenue aigüe qui peut s’assimiler à un bourdonnement, et le shaker plutôt sec.
Blutch - Remparts feat. Maxime Dangles
Label : Astropolis Records
Date de sortie : 28 janvier 2022
Lien vers la musique : extrait
Passage commenté de 00min50 à 01min05.
Le synthétiseur a deux sonorités différentes. La première peut s’assimiler à un grincement lorsque les notes sont dans les mediums. Le son est raclé ce qui entraîne des plis dans la matière. Lorsque les notes sont aiguës, le son est plus brillant, fin, et semble plus lisse comparé au son des notes médiums.
La rapidité du flux de notes s’installe dans un pattern rythmique (ou bien motif rythmique) inexorable. Cela provient de l’utilisation d’un séquenceur qui fait débiter les notes en boucle.
HAAi – Head above the parakeets
Label : Mute Records
Date de sortie : Septembre 2020
Lien vers la musique : extrait
Passage commenté de 00min40 à 00min50.
Dans ce passage la compositrice joue sur le grain. Les enregistrements de grillons sont mis en mouvement ce qui entraîne des changements de positions dans le panoramique sonore. De légers frottements créent des craquements dans la matière. De cours granulés s’écoulent de gauche à droite.
Le pad en fond qui joue des valeurs longues possède un léger ronflement lié à une saturation.
La seule note répétée en ostinato est claire et légèrement feutré.
Bicep – Opal
Label : Ninja Tune
Date de sortie : 1er septembre 2017
Lien vers la musique : extrait
De 01min24 à 01min40
Pour la partie mélodique supérieure, le groupe Bicep utilise un synthétiseur dont la couleur varie selon le filtrage qui est appliqué. Il peut être clair à la limite de l’étincelant étant donné les fréquences très aiguës que l’on peut entendre ou bien plus sourd par moment. Le son de ce synthétiseur semble déchiré, froissé, c'est un tissu fourni.
Le synthétiseur en contre-chant est plein avec de légères distorsions d’écrêtages.
La matière sonore subit un hachage synchronisé avec un temps plus ou moins resserré.
A partir de 01min33, un effet de phase est appliqué ce qui entraîne un léger mouvement sinueux dans le signal audio
C'est vraiment plus musical envisagé ainsi!